Histoire du Prado

Le Prado : un nom, deux histoires

La traduction pratique de l’intuition spirituelle reçue dans la nuit de Noël 1856 par le père Antoine Chevrier a connu une évolution, de la part des générations qui ont succédé au Père fondateur. Comment analyser l’évolution historique de l’œuvre de la Première communion qui, dès le début, était très marquée par l’urgence pastorale de l’évangélisation des pauvres ? Comment ce que nous regardons aujourd’hui comme « l’œuvre éducative du Prado » est-elle toujours en conformité avec la véritable intuition de son Fondateur ? Que signifie aujourd’hui se référer à cette origine-là pour l’Association des Prêtres du Prado et leur mission d’évangéliser les pauvres ? A toutes ces questions, nous essaierons de proposer une réflexion et ainsi mieux comprendre et de nous situer par rapport à l’esprit d’une grâce que le Père Chevrier a reçue et que l’Église a confirmé et confié à la famille spirituelle du Prado.

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La création de la « Communauté Générale »

En 1954, le Prado, qui rassemblait des prêtres appartenant à divers diocèses français, demandait au Saint-Siège d’être reconnu comme un Institut Séculier de droit pontifical. Il prévoyait dans ses constitutions l’existence d’une « communauté générale », prenant le relais de l’ancien « corps franc », ses membres étant incardinés à l’Institut et dépendant donc en premier du supérieur général du Prado, d’où l’appellation de « communauté générale », l’appartenance des autres membres de l’Institut étant en premier diocésaine. Les Constitutions de 1954 ayant été approuvées de manière provisoire en février 1957, à partir de cette date le Supérieur général du Prado put donc incardiner à l’Institut et appeler aux ordres.

Parmi les membres de l’ancien « corps franc », certains optèrent pour le statut quo ; d’autres demandèrent à être incardinés dans le diocèse où ils se trouvaient ; beaucoup passèrent à la Communauté générale.

Le Prado ayant désormais la faculté d’incardiner à l’Institut et d’ordonner des prêtres comme une congrégation religieuse ou une société missionnaire, quel usage devait-il en faire ? Compte tenu de la vocation missionnaire du Prado pour le service des pauvres et des besoins en hommes qu’appelaient les initiatives prises ou à prendre, fallait-il chercher à développer la communauté générale ? Mais n’allait-on pas alors à l’encontre du caractère diocésain voulu aussi par le père Chevrier et auquel on semblait vouloir tenir ? Une réflexion fondamentale autour de ces questions allait se poursuivre dans les conseils et plus largement jusque dans les années 1960 et même au-delà. Aux questions d’ordre théorique, s’ajoutaient aussi des questions d’ordre plus pratique : selon quels critères admettre à la Communauté générale ? quelle attitude adopter notamment devant ce qu’on appelait les « vocations particulières » ? quelle politique des nominations chercher à mettre en œuvre ?

La Communauté générale apparaissait aux yeux du père Ancel comme un moyen de répondre à des besoins de l’Eglise soit en France (diocèses pauvres en prêtres), soit hors de France, ainsi qu’à des besoins du Prado, par exemple pour la formation sacerdotale et pradosienne. Dans les négociations du Supérieur général du Prado avec les évêques, on pouvait envisager de demander à tel évêque de consentir à laisser pour un temps déterminé un pradosien de son diocèse au service du Prado ou au service d’un autre diocèse, en proposant d’envoyer, par compensation, dans le diocèse de ce prêtre un prêtre de la Communauté générale. Ceux-ci étaient censés se rendre disponibles pour servir l’Eglise dans le cadre du Prado en divers lieux et diocèses, à la manière des religieux.

Depuis 1969 pratiquement, le Prado de France ne prit jamais plus la décision de déplacer d’un diocèse dans un autre un membre de la Communauté générale. L’accent était mis pour eux sur l’enracinement dans l’Eglise où ils étaient implantés. Et cela selon le désir des intéressés et souvent de manière heureuse. C’est la raison pour laquelle il fut alors proposé aux membres de la Communauté générale qui le souhaitaient de se faire incardiner dans leur diocèse d’implantation, si l’évêque y consentait, ce qui fut fait progressivement pour un certain nombre. (…)

Dès lors, quand il s’agissait pour les responsables du Prado de prendre des initiatives apostoliques (par exemple, lors de la fondation d’une équipe de prêtres-ouvriers du Prado dans la région parisienne en 1971) ou encore de trouver des prêtres pour la formation sacerdotale et le service du Prado, la seule solution fut de faire appel au volontariat auprès de pradosiens non incardinés à la Communauté générale et d’entreprendre des négociations avec leurs évêques pour qu’ils fussent libérés un temps et cela sans qu’il y eut nécessairement une contrepartie comme dans le passé.

(…) Au moment donné on a réfléchit à des questions du type : Est-ce qu’il peut y avoir une authentique vocation au clergé diocésain sans que l’on soit incardiné à un diocèse déterminé ? Si la communauté générale est maintenue, comment faire pour que ses membres soient bien intégrés dans le clergé du diocèse où ils exercent leur ministère ?

(…)  On remarquera que l’existence de la Communauté Générale à un moment donné de l’histoire du Prado fut, par la nationalité de ses membres, une affaire essentiellement française.

Aujourd’hui, les membres incardinés dans l’Association des Prêtres du Prado sont au nombre de 14, tous français, dont 1 hors de France.

Dans les Constitutions de l’Association des Prêtres du Prado actuellement en vigueur, je ne crois pas, à la différence du passé, qu’il soit question de Communauté générale. Il est écrit sobrement à l’article 110 : « Les prêtres du Prado sont en règle générale incardinés dans leur diocèse ». Et à l’article 111 : « Exceptionnellement, on pourra incardiner à l’Institut quelques membres pour le service du Prado et de sa mission. Seul le Responsable général peut décider d’une éventuelle incardination avec le consentement du Conseil général, selon les principes généraux définis par l’Assemblée générale. Il prendra l’avis du responsable du Prado érigé, si le candidat à l’incardination appartient à un Prado érigé ; dans les autres cas, il consultera le responsable du Prado local. En ce qui concerne les séminaristes candidats à l’incardination au Prado, on tiendra compte du canon 266 du Code, selon lequel l’incardination dans l’Institut est possible seulement après l’engagement perpétuel ».

(Extrait d’un texte rédigé par Yves Musset).

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